Opinioni in francese

Toponymie. Un complément utile.

Nous publions ce texte envoyé par un corsisant et italianisant qui vient compléter le texte nécessairement bref du manifeste

Je me permets de vous envoyer à tous le manifeste du Professeur Colombani et de Marie-Jean Vinciguerra auquel je souscris; vous savez tous combien je sais, en tant que corsiste et italianiste que le corse et l’italien dans notre île ont un destin commun…La dernière en date, vouloir effacer de nos mémoires les toponymes (noms de villes et de villages) en toscan (Ajaccio, Nocario, Rogliano, Porto Vecchio…) tels que nous les connaissons, tels que depuis DES SIECLES, nos ancêtres les ont connus et écrit…

NON, nos ancêtres n’étaient pas tous des bergers analphabètes, il y avait, en Corse aussi, des notables, des nobles, des bourgeois, des membres du clergé, de simples gens qui écrivaient, tenaient leurs comptes, léguaient devant notaire, composaient des poésies, des nouvelles, rédigeaient des chroniques...EN ITALIEN !!! Et ce, jusqu’à la fin du XIXème siècle.

Le plus célèbre d’entre eux demeure Pasquale Paoli qui nous a laissé une très abondante correspondance rédigée...EN ITALIEN !!! C’est le même Pasquale Paoli qui, à plusieurs reprises affirmait que la langue des corses, c’était… L’ITALIEN !!!

A titre d’exemple, les comptes-rendus de l’association paroissiale, dans mon village de Campana, ont été rédigés EN ITALIEN (en partie) jusqu’aux années 1890, par DES CORSES!!!

On a beaucoup employé, dans les années 1970, l’expression “main-basse sur une île”; désormais il s’agirait plutôt de MAIN-BASSE SUR UNE CULTURE !!!

Si la culture d’origine de nos ancêtres fait honte à certains, la culture qui englobe Dante, Boccaccio, Petrarca, Raffaello, Michelange, Léonard de Vinci………………………MOI NON !!!

La culture corse c’est la paghjella, les chjama è rispondi, la pulenda, le figatellu……Autant d’aspects que l’on retrouve dans de TRES NOMBREUX endroits en ITALIE; et ça ne me fait pas honte du tout, bien au contraire!!!

Mais la culture corse c’est aussi l’art pisan, les tours génoises, les citadelles génoises, le vocabulaire de notre langue que l’on retrouve, la plupart du temps à l’identique, dans de très nombreux parlers régionaux d’Italie (là-bas on ne parle pas de LANGUES REGIONALES, on se contente de les parler et de les transmettre à la maison, dans la rue, au travail…), les poésies que nombre de nos ancêtres connaissaient et se plaisaient souvent à citer voire à réciter, nos traditions religieuses et profanes, culinaires et musicales…

Malgré le fameux RIACQUISTU, ce patrimoine-là est bien mal en point, c’est le moins qu’on puisse dire…

Dans ce contexte, vouloir SUPPRIMER un des derniers témoignages de notre histoire c’est aussi absurde que ce projet de loi des années 50 qui voulait traduire en français nos toponymes…

Je pourrais disserter des heures sur le sujet, je me contente de vous renvoyer au livre de Pascal Marchetti : La Corsophonie, un idiome à la mer

En m’excusant d’avoir été si long, je vous remercie tous de votre attention et vous engage à signer le manifeste que je joins à ce message.