di Carl’Antò
Un récent numéro de “L’Express” diffusé en Corse contenait, consacrée à notre langue, une page bien étrange, où s’entassaient les assertions les plus farfelues. A commencer par celle prêtée à Vincent de Moro Giafferi, décidément plus brillant en droit pénal qu’il ne l’était en linguistique : “C’est l’italien qui est un dialecte du corse, puisque le corse c’est du latin !” Le titre de l’article, il est vrai, est de la même encre : “Une langue restée très proche du latin”. Puis ce sous-titre confondant : “La langue corse n’est pas dérivée d’un des nombreux dialectes de la péninsule italienne, contrairement à ce que l’on a longtemps cru”. A noter donc que l’on a “langue” en Corse et simplement “dialectes” dans la péninsule !
Voilà qui d’un revers de plume place nos poètes villageois au-dessus des “dialectaux” Dante, Pétrarque et Boccace. Surtout on peut s’étonner qu’une personnalité aussi respectable que Jean-Marie Arrighi ait apporté sa caution à ce tissu de désinformation, en enfourchant le cheval qui fut dans les années 60 celui d’un certain Jean Albertini. Il semble que le mythe de la descendance “directe” (!) du latin ait la vie dure, nonobstant les études scientifiques, anciennes et récentes, qui éclairent et illustrent la phase historique de toscanisation des parlers corses et du nord de la Sardaigne.